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Les actifs naturels

La COP15, tenue à Montréal en décembre 2022, a permis d’adopter le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal, un accord historique visant à préserver au moins 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030. Ce qui peut être mesuré peut être géré. L’Institut de la finance durable a exploité les dernières données d’imagerie par satellite et les modèles d’apprentissage automatique pour cartographier et évaluer les actifs naturels actuels du Canada.

Qu’est-ce que la nature et les actifs naturels?

« Quatre domaines — la terre, l’océan, l’eau douce et l’atmosphère — constituent la nature. »1 Le terme « actifs naturels », ou « capital naturel », fait référence au « patrimoine de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables (p. ex., les plantes, les animaux, l’air, l’eau, les sols, les minéraux) qui se combinent pour apporter un ensemble de bénéfices aux individus. »2

iStock.com/Oleg Charykov

Pourquoi les actifs naturels sont-ils importants?

La nature est à la base de la prospérité humaine et des économies mondiales. Elle nous fournit des ressources essentielles tels la nourriture, les fibres, les combustibles et l’eau; elle régule et maintient le climat, l’air, le sol, l’eau et l’habitat ; et elle enrichit notre santé et notre bien-être (p. ex., par les loisirs et l’inspiration spirituelle). On estime que plus de la moitié du PIB mondial, soit 44 000 milliards de dollars américains, dépend de la nature.3

À l’intersection de la nature et du climat, les solutions fondées sur la nature, qui exploitent les avantages des actifs naturels, sont essentielles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (atténuation du changement climatique) et renforcer la résilience face aux phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les ouragans (adaptation climatique). Par exemple, les forêts, en particulier les mangroves, sont de puissants écosystèmes de captage et de stockage du carbone ; les zones humides telles que les tourbières constituent une première ligne de défense contre les inondations et l’érosion.

Comptabilité publique des actifs naturels

Il est vrai que l’utilisation des actifs naturels par l’humanité est sujette à des défaillances du marché. C’est ce que l’on appelle la tragédie des biens communs. Les biens publics tels que la nature sont sujets à la dégradation du fait que les individus ont tendance à agir dans leur propre intérêt.

Toutefois, nous commençons à prendre des mesures positives pour valoriser, préserver et restaurer les ressources naturelles. Avec le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal adopté à la COP15, près de 200 pays ont convenu d’« assurer la pleine intégration de la biodiversité et de ses multiples valeurs dans les politiques, les réglementations, les processus de planification et de développement … et, le cas échéant, la comptabilité nationale … » (cible 14). Ce qui peut être mesuré peut être géré. En tenant compte des actifs naturels, le secteur public sera en mesure de prendre des décisions économiques et environnementales plus éclairées.

Comment comptabiliser les actifs naturels? Afin de consolider les efforts mondiaux et d’améliorer l’alignement méthodologique, la Commission de statistiques de l’ONU a adopté en mars 2021 le Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE), une norme statistique complète. Le cadre tient compte des actifs naturels en termes physiques et monétaires. Il est important de noter que même si le document de référence du SCEE reconnaît les limites de l’expression de la valeur des actifs naturels en termes monétaires, il facilite également la prise de décision et l’évaluation des compromis.

Statistique Canada publie annuellement les Comptes des écosystèmes sur la base du cadre du SCEE.

Les efforts du secteur privé et le TNFD

Le secteur privé joue un rôle déterminant pour atteindre les objectifs et les échéances du Cadre Mondial de Kunming-Montréal en alignant ces flux de capitaux sur des résultats positifs pour la nature. Parallèlement, les changements dans le milieu naturel, tels que la dégradation des sols et la déforestation, peuvent également se matérialiser sous la forme de risques financiers pour les entreprises et pour le système financier par le biais de prêts, d’investissements, d’assurances, etc.4 De la même façon, du côté des occasions, les écosystèmes restaurés avec une plus grande biodiversité peuvent améliorer les activités commerciales actuelles et même créer de nouveaux marchés.

Afin de faciliter l’établissement d’objectifs et la gestion des risques liés à la nature, des initiatives volontaires axées sur le marché ont vu le jour au cours des dernières années, comme le Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature (TNFD). La version préliminaire du cadre TNFD (Bêta v0.3), publiée en novembre 2022, repose sur les quatre piliers: les dépendances, les impacts, les risques et les occasions.5

Pour l’évaluation des risques et des occasions qui couvre la localisation de l’interface entreprise-nature, le cadre TNFD adopte une approche LEAP (en anglais, Locate-Evaluate-Assess-Prepare). Ceci couvre l’évaluation des dépendances et des impacts liés à la nature, l’évaluation des risques matériels et des occasions, la préparation de la réponse et le rapport. 6 Avec beaucoup d’anticipation et d’engagement de la part du Canada et du monde entier, les recommandations du TNFD seront finalisées en septembre 2023.

This series explores the foundations of sustainable finance, one of the most important emerging fields of our time. Sustainable finance aligns financial systems and services to promote long-term environmental sustainability and economic prosperity.